mardi 7 novembre 2006

Le cheval Hans


En 1904, la communauté scientifique internationale entra en ébullition. On croyait avoir enfin découvert "un animal aussi intelligent qu'un homme".

L'animal en question était un cheval de huit ans, éduqué par un savant autrichien, le professeur von Osten.

A la vive surprise de ceux qui lui rendaient visite, Hans, le cheval, paraissait avoir parfaitement compris les mathématiques modernes. Il donnait des solutions exactes aux équations qu'on lui proposait, il savait aussi indiquer précisément quelle heure il était, reconnaître sur des photographies des gens qu'on lui avait présentés quelques jours plutôt, résoudre des problèmes de logiques.

Hans désignait les objets du bout du sabot et communiquait les chiffres en tapant sur le sol. Les lettres étaient frappées une à une pour former des mots : un coup pour "a", deux coups pour "b", trois coups pour "c", etc...

On soumit Hans à toutes sortes d'expériences et le cheval prouva régulièrement ses dons. Des zoologistes, des biologistes, des physiciens et pour finir des psychologues et des psychiatres se déplacèrent du monde entier pour rencontrer Hans. Ils arrivaient sceptiques et repartaient déconcertés. Ils ne comprenaient pas où étaient la manipulation et finissaient par admettre que cet animal était vraiment "intelligent".

Le 12 septembre 1904, un groupe de treize experts publia un rapport rejettant toute possibilité de supercherie. L'affaire fit grand bruit et le monde scientifique commença à s'habituer à l'idée que ce cheval était vraiment aussi intelligent qu'un homme.

Oskar Pfungst, l'un des assistants de von Osten, perça enfin le mystère. Il remarqua que Hans se trompait dans ses réponses chaque fois que la solution du problème était inconnue des personnes présentes. De même, si on lui mettait des oeillères qui l'empêchait de voir l'assistance, il échouait à tous les coups.

La seule explication était donc que Hans était un animal extrêmement attentif qui, tout en tapant du sabot, percevait les changements d'attitude des humains alentour. Il sentait l'excitation monter quand il approchait de la bonne solution. Sa concentration était motivée par l'espoir d'une récompense alimentaire.

Quand le pot aux roses fut découvert, la communauté scientifique fut tellement humiliée de s'être aussi facilement berner qu'elle bascula dans un scepticisme systématique face à toute expérience ayant trait à l'intelligence animale.

On fait encore état, dans beaucoup d'universités, du cas du cheval Hans comme d'un exemple caricatural de tromperie scientifique.

Cependant, le pauvre Hans ne méritait ni tant de gloire ni tant d'opprobe. Après tout, ce cheval savait décoder des attitudes humaines au point de se faire passer pour l'un d'entre eux.

Mais peut-être l'une des raisons d'en vouloir si fort à Hans est plus profonde encore : il est désagréable à l'espèce humaine de se savoir transparente pour un animal.

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